Certains jours le vélo, c’est très dur. Voilà une phrase souvent entendue. En réalité quand on a dit cela, on n’a pas dit grand-chose. Le débutant l’a prononcé mais il l’a aussi ressenti. Ce qui est vraiment dur c’est : grimper la pente, maintenir le rythme, rester coller au peloton, pédaler sous le soleil qui tape, souffrir sur la selle trop dure, prendre le vent en pleine figure, grelotter sous la pluie qui tombe drue, assumer le coup de pompe, sentir les muscles se tétaniser, s’entraîner par tous les temps, pédaler quand l’envie n’y est pas vraiment.
Heureusement que le vélo peut être bien différent. Il est plaisir que l’on partage avec les copains du peloton, que l’on savoure en solitaire. Plaisir que l’on déguste par petites touches successives. Le temps se radoucit. La pente s’aplatit. Le vent se fait douce brise. Le bitume déroule sa platitude. Les virages s’épinglent à cheveux, quel régal en pente descendante ! La forme est enfin au rendez-vous. Un léger faux-plat montant, une petite descente, c’est du pareil au même. Le col déroule ses lacets. Tous les virages se croquent comme des bonbons à peine acidulés. Choisissez pour commencer le Dabo et son col du Valsberg, puis le Mont Sainte Odile ou le Nideck avec son Col des Pandours. Lorsqu’enfin dans ces montées vous vous élancerez dans une de ces randonnées de rêves, vous goûterez une sorte de plénitude. Beaucoup diront : « Tu exagères ! » Essayez et vous verrez ! Au pied du col obligez votre esprit à s’évader. Demandez à votre cerveau de se concentrer sur quelques rêveries plaisantes. Moulinez tout à gauche et vous oublierez la pente. Enfin le panneau sommital avec son altitude apparait. Des milliers d’hormones du plaisir inondent vos neurones.
Lorsque cette pratique se poursuit, d’année en année, les petits plaisirs se transforment en bonheur permanent. Il n’y a que ceux qui ne l’ont pas essayée qui peuvent me contredire. Les autres, ma foi, pour eux ce n’est que PUR BONHEUR, ETAT DE GRACE.
Du vécu que du vécu
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